Après la rétrospective organisée par le Kunstmuseum de Berne en début d’année 2014 et l’exposition au Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée, la Galerie Jacques de la Béraudière propose à son tour, en Suisse, une exposition rétrospective de cette artiste hors norme qui a consacré l’ensemble de son travail à la figure humaine.
Bien qu’étant emblématique dans l’histoire de la sculpture moderne, son œuvre reste néanmoins inclassable dans un mouvement précis.
Germaine Richier nait en 1902 en Provence. Elle connaît les tourments des deux guerres mondiales et est profondément touchée par les tragédies qui en découlent.
La première partie de son parcours est marquée par l’enseignement de Bourdelle, dont elle est l’élève de 1926 à 1929. L’influence de ce maître fut très présente dans son travail comme en témoigne l’œuvre Loretto de 1934 ou La Regodias de 1938, et ce jusqu’au début des années quarante.
Les années suisses : Germaine Richier arrive en 1939 avec son mari le sculpteur Charles-Otto Bänninger à Zürich où ils resteront pendant toute la durée de la guerre.
Elle fréquente de nombreux artistes tels qu'Alberto Giacometti, Marino Marini qui réalisera une tête de Richier conservée à la Galleria d'Arte Moderna de Milan, Hans Arp, Fritz Wortuba et Cuno Amiet qui réalisera plusieurs portraits de l'artiste.
Marquée par la guerre, son art évolue et elle commence à sculpter des êtres hybrides comme Le Crapaud en 1940, La Sauterelle en 1944, L'Homme-forêt en 1945 mais elle reste fidèle à la création plus réaliste avec des nus masculins ou féminins tel que Pomone en 1945.
Son retour en France en 1946 est marqué par la réalisation de deux pièces importantes : L'Araignée et La Mante. Celles-ci affirment son style et la feront connaître.
Ses figures scarifiées d’entailles, dont L’ogre, 1946, sont pourvues d’armatures de fils métalliques se nourrissant parfois des éléments de la nature tels que des pierres, des morceaux de bois ou objets récoltés sur les plages qu’elle empile et entasse sur les étagères de son atelier, Seiches, 1954.
Le dialogue entre la nature et l’humain reste constant dans sa création artistique.
Dans les années cinquante Germaine Richier expérimente de nouvelles techniques dans ses expressions plastiques en introduisant de la cire, du plâtre ou du plomb. Aussi, pour donner du relief à ses sculptures elle fait appel à d’autres artistes, tels que Hans Hartung, Helena Vieira da Silva ou Zao Wou-ki qui réalisent des plans rectangulaires peints comme des tableaux de fond pour les sculptures telle que La ville en 1952.
Germaine Richier décède à Montpellier en 1959 à l’age de 57 ans.
L’exposition rétrospective de la Galerie Jacques de la Béraudière offre un parcours chronologique montrant les différents aspects de l’œuvre de Germaine Richier. Les sculptures proviennent toutes de collections privées ou de la succession de l’artiste.